samedi 20 mars 2021

Rencontre au Louvre

Par un sombre après-midi d'automne, je me promenais dans Paris, insouciante et légère. L'air était doux, le ciel annonciateur d'orage. Je me dirigeais vers le musée du Louvre où avait lieu une exposition temporaire que je voulais voir à tout prix. J'arrivais devant la grande pyramide en verre et m'arrêtais devant une affiche. 
 
 
Magie et Sorcellerie
Croyances et réalités
Des sorciers de tribus primitives aux exploits d'Harry Potter :
Réalités scientifiques ou inexpliquées? Imagination débordante ?
 
Je m'attardais à admirer les photos et à respirer l'air frais avant de rentrer dans la chaleur étouffante qui régnait certainement à l'intérieur, lorsqu'une sensation étrange m’envahit. L'on m'observait. Je tentais de surprendre mon spectateur en épiant les reflets dans la vitre mais en vain. Un coup de vent violent et froid ouvrit un pan de mon manteau et je m'engouffrais alors prestement dans la chaleur du musée.
Je flânais le long des corridors, me dirigeant tranquillement vers le lieu d'exposition quand, me trouvant au pied d'un de ces gigantesques escaliers de marbre, à nouveau, cette sensation étrange s'empara de moi. Les lampes grésillaient et je me dis que l'orage approchait comme le premier coup de tonnerre retentissait effectivement. Alors, je ne sais pas ce qui me pris, je fis très rapidement volte-face… pour constater que la salle était déserte à part un homme qui venait dans ma direction. Mais un homme étrange. Vêtu entièrement de noir. Un pantalon et une tunique noire, une cape noire. Ce n'était pas un figurant pour une animation liée à l'exposition. Comment ais-je su cela sur le moment, je ne sais pas. Et cet homme s'avançait. Vers moi. Il n'y avait personne d'autre. Pas même un gardien. J'avais l'impression de me trouver, non pas au pied de cet escalier de marbre du Louvre mais devant l'escalier et la porte d'un sanctuaire. Il y eut un éclair puissant, aussitôt suivi d'un coup de tonnerre qui fit trembler l'immense salle. Et je constatais que l'homme se trouvait à présent à côté de moi.
 
Peu de gens croient vraiment à ce que l'on appelle phénomènes surnaturels ; aux fées, dragons et autres créatures légendaires. Beaucoup d'auteurs vous soutiendront que les histoires merveilleuses magnifiques ou terrifiantes qu'ils écrivent sont uniquement les fruits de leur imagination. Tout le monde vous dira que ceux qui croient en tout ceci sont des gens puérils ou fous ; personne ne peut vous croire sur parole et pourtant c'est votre seule bonne foi qui est la garantie de ce que vous leur affirmez. Je n'étais ni une de ces croyantes presque fanatiques, ni une de ces sceptiques. J'admettais volontiers l'existence d'un autre monde, d'autres créatures sans y croire vraiment pourtant. Sans parvenir, à mon plus grand regret, à y croire. Alors que vous ne croyez pas ce qui va suivre, je peux le comprendre, mais c'est arrivé… et je ne peux vous le prouver, je n'ai que ma bonne foi… car c'est à cet instant, alors que l'immense salle résonnait encore du coup de tonnerre que les évènements me firent basculer dans une autre réalité.
 
L'homme attendit le calme. Un calme étrange qui s'abattit après la foudre : plus un bruit, même lointain, de voiture ou de foule, plus un chuchotement de visiteurs ni un grésillement de radio des gardiens. Comme si l'homme et moi avions étés les seuls dans le musée ou dans la ville ! Il me dit: "J'ai besoin de votre aide…mais il ne faut pas rester ici." Je le regardais fixement, droit dans les yeux, cherchant à comprendre. Et puis, pourquoi ai-je fais cela, dans quoi je m'embarquais, je n'en avais pas la moindre idée mais j'ai suivi mon instinct et lui ai dis "Suivez-moi".
 
Nous avons marché dans Paris ; le gros de l'orage était passé et la pluie était désormais fine. Je l'ai conduis jusque chez moi. J'habitais un duplexe au dernier étage d'un immeuble haussmannien, un appartement que beaucoup de gens m'enviais car j'en été non seulement la locataire mais aussi la propriétaire. Je l'avais reçu comme gage d'admiration et d'amitié d'un sombre mais riche auteur étranger rencontré lors d'un voyage de recherche en Nouvelle-Zélande. Il faut vous dire que je voulais être bibliothécaire mais j'avais fini par monter ma maison d'édition qui avait pour politique culturelle d'aller chercher des auteurs dans des contrées merveilleuses et lointaines. Et je faisais moi-même certains des voyages de recherche, laissant ma collaboratrice et amie de toujours, Méline, se charger de la direction de nos affaires. Cet appartement comprenait donc deux étages, les deux derniers d'un hôtel de 7 étages. Au sixième était un hall, salle à manger, salon, toilettes, salle de bain, bureau et balcon ; au septième, chambre, toilettes, salle de bain, boudoir, bureau et une terrasse sur le toit avec vu sur la butte Montmartre. Un appartement de luxe dont je n'étais pas peu fière et auquel je tenais plus que tout.
Nous y entrâmes, l'homme et moi. Directement je le fis passer au septième, dans le boudoir, une pièce que peu de gens connaissaient, si ce n'étaient mes intimes. D'habitude je recevais dans le bureau du sixième étage mais cet homme m'inspirait des sentiments étranges et je me dis que l'ambiance chaleureuse et intimiste du boudoir me permettrait de percer à jour mes sentiments et l'identité de l'inconnu.
Il prit place sur un fauteuil et je remarquais alors ses hématomes au visage. Cet homme était blessé mais plus que cela il semblait éreinté, vidé. Je lui offris de prendre une douche et lui ouvrait la porte de ma salle de bain personnelle. Lorsqu'il en ressortit, il avait retrouvé toute sa prestance. Chose étrange, les bleus marqués de son visage avait disparus. Sans trop m'en soucier, je m'asseyais dans un fauteuil de velours grenat et j'entamais une conversation alors qu'il reprenait place dans un fauteuil jumeau.
- Et bien, dites-moi, que puis-je faire, puisque vous avez sollicité mon aide?
Il regarda autour de lui. Ce qu'il vit je peux vous le dire: le décor chaleureux du boudoir, les fauteuils, le canapé, la liseuse, les tentures, les tableaux, mes dessins et les livres… et plus que cela il s'attarda sur un coin spécial, un recoin de la pièce que je laissais dans l'ombre. Je vous l'ai dis, je ne suis ni croyante, ni sceptique mais je rêvais, comme une toute jeune fille, à un amour puissant et sans limite. Mais un amour sombre qui avait trouvé figure, quelques années en amont, en l'image d'un personnage de livre et de film. Severus Rogue – Snape en anglais – le célèbre et très peu aimé professeur de potion de Harry Potter. Et comme tout fan de la série, j'attendais alors le dénouement de cette histoire de sorcellerie, le tome 7 des aventures du jeune et intrépide sorcier à lunettes.
 
Et l'inconnu fixait ce coin, et, j'en suis sûre, distinguait parfaitement les affiches et photos du sombre directeur des Serpentards. C'est alors que mon esprit prit conscience de la ressemblance entre le personnage et l'inconnu que j'avais ramené chez moi. Mon esprit en prenait conscience mais je ne pouvais encore consciemment y croire. Même cheveux longs et noirs, humides encore de la douche, même nez légèrement crochu, même manière de s'habiller et de se tenir, même regard noir, profond et glacial…et la même sensualité froide se dégageait de ces deux êtres. Je me retournais pour avoir une conscience plus précise de ce qu'il regardait. Quand il prit enfin la parole, je crus qu'une des photos de mon très cher Severus s'était mise à parler… au-delà de toute ressemblance ils avaient la même voix, à la fois dure et froide, rauque et chaude.
- Et bien voilà… je crois que je ne me suis pas trompé en m'adressant à vous et je n'aurais pu tomber sur meilleure moldue pour me venir en aide. Je vois que vous porter certains sentiments à l'égard d'un personnage de roman… pourriez-vous me préciser tout cela avant que je vous explique les faits capitaux et ce pourquoi je suis ici?
- Euh et bien… dis-je, quelque peu confuse, il s'agit de Severus Rogue… euh connaissez-vous les livres et films de Harry Potter?
- Oui, et j'ai envie de vous dire plus que quiconque mais continuez, je vous en prie.
- Et bien parmi tous les personnages, le professeur Rogue est… mon préféré. Dis-je en rougissant.
- …
- Je l'admire et… c'est idiot, ne vous moquez pas, mais je crois que je l'aime, profondément. Parce qu'il est mystérieux, une âme noire, parce qu'il n'est pas et ne prétend pas être parfait, qu'il a commis des fautes et tente de les racheter… je l'aime pour ce qu'il est…
- Il faut alors que je vous dise… me croirez-vous si je vous dis que JE suis Severus?
- Je vous avoue, que j'ai du mal à le croire mais que pourtant je vous crois.
Il commença alors son récit et dans ma tête s'éleva une petite musique, un morceau de flûte doux et mélancolique.
- Et bien voilà, tout ce que l'auteur de cette série a inventé n'est pas de son fait. C'est la réalité… et presque en temps réel. Je ne vais pas vous raconter ce qui s'est passé puisque vous avez certainement lu les six premiers livres… et que ce que nous vivons à l'instant fait partie du septième tome ou au-delà mais cette partie de l'histoire que nous allons vivre ensemble ne sera pas mentionner car tout à été mis en place pour que mon séjour chez les moldus ne soit pas connu. Vous le savez donc, je suis en fuite. Mais je vous rassure, je n'ai pas tué Dumbledore. C'est un sort qui fait croire à sa mort… j'espère l'avoir réussit car autrement la suite de ma mission va être plus pénible que prévu.
- Comment… comment J. K. Rowling à-t-elle su…?
- Oh! Une sorcière journaliste lui a jeté un sort ; elle apprend, en différé de quelques heures, les évènements et croit que c'est le fruit de son imagination. Personne n'a rien pu faire contre ce sort, ou du moins, il était déjà trop tard quand le ministère… les autorités compétentes, ajouta-t-il d'une moue dédaigneuse, s'en sont rendu compte. Alors comme les moldus croient à une fiction, personne n'a rien fait pour revenir en arrière. Donc je devais faire croire que je tuais Dumbledore… Drago est trop faible et trop prévisible, il avait peu de chance d'y arriver… et je me suis enfui avec les mangemorts. Officiellement j'ai été chargé par Voldemort de me faire oublier un temps… et officieusement, je dois continuer à l'espionner pour le compte de Dumbledore qui s'est réfugié… mais bref.
- Et moi, là-dedans?
- Oh! Je vous demanderais juste de m'héberger quelques temps. Je pourvoirais à notre nourriture, à condition de ne point révéler ma présence…
- Vous savez l'admiration et euh… les sentiments que je vous porte donc, j'accepte évidemment mais je n'ai peut-être d'ailleurs pas le choix…

Évidemment que je n'avais pas le choix. Et puis laisser passer cette chance d'avoir Severus Rogue sous mon toit? Je ne pensais pas encore à comment le retenir ou comment partir avec lui mais la suite des évènements s'en chargea. Les premiers temps Severus dormait dans le boudoir, la journée, et partait en mission la nuit. Et puis ses activités nocturnes se calmèrent et il en vint à avoir, pour quelques temps une vie de moldu. Pour ma part mon travail me prenait du temps: rentrée littéraire oblige, et Noël approchant, nous étions, Méline et moi sur un projet de livre à propos des sorciers finlandais. L'auteur, un capricieux, me voulais comme seule et unique conceptrice graphique et, bien que travaillant chez moi là plupart du temps, je trimais dur. Severus m'aidait grâce à ses connaissances du sujet et peu à peu nous nous rapprochâmes. Il me préparait de bons petits plats et je me réjouissais d'avoir deviné en lui un homme charmant, au-delà des apparences. Nous étions deux simples colocataires. Mais trop prise par mon travail dans la journée, la nuit mon esprit s'évadait. J'avais déjà rêvé de Severus, de son corps fin et puissant… des rêves pas toujours sages… mais maintenant que ces rêves revenaient, c'était différent puisque maintenant, je le connaissais vraiment, il existait! Et il était sous mon toit. Ce n'était point mon imagination mais de son côté je le surprenais à m'observer, à avoir des moments d'absence, des regards étranges, comme illuminés d'un désir caché.
 
Ce soir là, je finissais la mise en place de la maquette. Je m'étais mise au travail à 7 heure le matin, avais fait une pause de deux heures à midi et une d'un quart d'heure pour manger le soir. Severus, depuis deux jours, restait près de moi, à lire la plupart du temps ou parfois, à ne rien faire d'autre que de me regarder travailler. Il était onze heure quarante et j'étais en grande discussion avec Méline pour lui donner les instructions quant à l'impression de l'ouvrage. J'avais en effet décidé de m'accorder un peu de repos à la suite de ce travail… de fou. J'étais donc au téléphone et commençais à montrer les premiers signes de fatigue et d'agacement quand Severus sortit de l'ombre, passa derrière moi et entreprit un massage. Je me détendis rapidement, terminais ma conversation et me laissais aller. Severus me pris dans ses bras et me déposa sur mon lit.
- Chut, reste calme, je vais te faire un massage, tu en as bien besoin, chuchota-t-il.
Il était, depuis deux trois jours, passé au tutoiement et je me souviens de la chaleur qui s'était répandue en moi à cet instant. Severus passa dans la salle de bain, pris une serviette chaude sur le radiateur et la bouteille d'huile parfumée et revint me faire un massage. Il me déshabilla pudiquement et me fit rallonger sur le lit. C'était la première fois qu'il entrait dans ma chambre. L'huile répandait son odeur d'herbes séchées qui se mélangeait à l'odeur de Severus. Les mains de celui-ci étaient chaudes et je ne tardais pas à sentir monter en moi, un désir très longtemps inconscient.
 
Le lit était bas et Severus fut obligé de s'asseoir sur moi afin d'avoir une position de massage plus confortable. Il avait pris l'habitude, lorsqu'il restait à l'appartement, de rester en boxer, parfois en portant, comme ce soir là un tee-shirt. Mais j'avais deviné dans la pénombre que mon désir était partagé et j'en ai eu l'évidente confirmation lorsqu'il s'assit sur moi. Ses mains étaient chaudes, ses gestes lents et voluptueux. Comme il finissait son massage et se dirigeait à la salle de bain pour se laver les mains, je me levais, enroulant le drap autour de moi et, me postant dans l'embrasure de la porte :
- Tu ne vas pas dormir dans le boudoir cette nuit… tu seras mieux dans le lit, reste.
Il s'approcha de moi, me toisa de toute sa hauteur et me demanda:
- C'est une proposition, une demande ou un ordre?
En réponse j'avançais mon visage souriant vers le sien et posais mes lèvres sur les siennes. Mon baiser était doux et hésitant; sa réponse fut un baiser fougueux et avide. Il me serra contre lui et me porta ; je mis mes jambes autour de sa taille et il m'emmena sur le lit. Nous embrassant avec passion nous laissâmes alors le désir contenu nous envahir et lui donnâmes libre cours.
 
 
Aujourd'hui, je ne peux vous dire où est Severus. Reparti en mission, très certainement. Nous nous aimons de toutes nos âmes mais il fait son possible pour que je reste en dehors du monde magique où je serais alors pour lui une faiblesse, une cible trop facile pour ses ennemis. Il vient aussi souvent qu'il peut. Je continue mon métier, allant de voyage en voyage et d'exposition en exposition, rencontrant des auteurs et des gens magiques. Mais là où je flâne le plus souvent, c'est au Louvre, près d'un escalier de marbre où j'ai rencontré un certain Severus Rogue.

Le Passé

Voilà, petite fanfiction, une de mes premières d'ailleurs. Triste, je sais. Elle date de 2006 je crois.
 
***

Un goût d’encre ou de gouache, une odeur de bois ou de terre ; de la poussière et une lumière grise, blafarde, perçant les nuages, filtrée par les vitraux sales ; le froid qui glace les mains, le froid qui glace les corps.
 
Un mince rayon de soleil, au fond d’un cachot ; le vent froid et le sourire amer. Une flûte dans le vent et des larmes. Un château abandonné, l’automne des vies.
 
Les feuilles rouges et or. Les cœurs seuls. La mélancolie, l’éternité ou encore l’infini : langueur et destin.
 
 
Lui ou Elle. Seul. Seule. Sous la pluie. Sous le vent. Un soupir, une larme. Un saut, un cri. A genoux. La fin.
 
 
Que reste-t-il ? Que peut-on faire ? Elle s’est perdue. Maintenant Il erre. Traîne poussière et cœur endurci.
 
A jamais sombre, à jamais noir. Inconsolable. 
 
 
C’était écrit. Sa propre histoire, sa prophétie. Il y a longtemps que cela est arrivé. Devait-il se consoler que se fut écrit ? Qu’il n’y puisse rien ?
 
Inconsolable.
 
Il souffrait de ce retour dans le passé… quelle idée de vouloir savoir ce que l’avenir réserve et de découvrir, finalement, que le passé vous rattrape ?! Sa vie était décidément bien étrange mais elle était aussi finie puisque sa prophétie lui contait ce qu’il savait déjà, qu’elle lui transmettait une douleur qu’il connaissait que trop bien… Il n’en serait désormais que plus vigilant et plus sévère.
 
Pour l’heure, il souffrait. Il essayait de se taire sans réellement y parvenir : la douleur de la marque des ténèbres sur son avant-bras gauche, il s’y était fait… mais pas à la souffrance du cœur. Sa vie s’était jetée d’une tour voilà environ 10 ans et depuis, il était autre. Non pas qu’il fut moins strict mais il y avait une raison de vivre alors que maintenant, sa vie était au service d’autres…il était là pour protéger le fils d’un homme mort pour plus que cela, et il payait sa dette envers Dumbledore qui l’avait "recueilli" après l’"accident." Et il souffrait.
 
Il réprima un dernier cri de rage et de douleur et se dirigea, froid comme un tombeau, vers sa salle de classe. 
 
"SUFFIT !"
Il entra en coup de vent et personne ne vit autre chose que le redoutable et détesté professeur de potions, drapé majestueusement de froideur et de dignité.
 

Le cours se passa comme à l’accoutumé : chouchouter Drago Malefoy pour rester en bons termes avec son père, enlever plus de 50 points aux Gryffondors sans oublier de rabattre le clapet de Miss Granger et de terroriser Neville Londubat.

Enfoncé dans son fauteuil au cuir fatigué, il goûtait le calme trop calme de son bureau. Ses paupières baissées n’empêchaient pas les visions de sa vie se jetant de la tour d’apparaître devant lui, et encore moins les larmes de couler, mais en silence cette fois. On frappa à la porte. Il ouvrit les yeux et, du coin sombre où il était, il regarda entrer le jeune Harry Potter. Il lutta contre la nostalgie qui le forçait à nouveau à se projeter quelques années en arrières, se leva et s’approcha de l’élève. Il se jugea trop faible pour le cours d’occlumencie qu’il devait donner et il allait renvoyer Potter quand celui-ci lui tendit un parchemin signé de la main du directeur :

Je sais que l’exercice que je vous impose vous sera d’autant plus difficile ce soir mais je tiens fermement, je veux, que vous donniez quand même cet entraînement à Harry.

Avec mon soutien, Albus Dumbledore

C’était bref mais clair… et sans appel.

Il était bien trop affaibli ; il laissa le fils de James – espérant peut-être se délivrer d’un poids – explorer sa mémoire…

 
 

Harry fut entraîné, malgré lui au plus profond des souvenirs de son professeur ; il était comme aspiré par un tourbillon d’images. Puis tout se stabilisa et le jeune homme, avant de distinguer quoique ce soit, ressenti une violente souffrance. Puis il vit une tour du château où se tenait, debout sur le parapet, une jeune femme brune, cheveux au vent. Il vit Severus Rogue, au pied de la tour, la tête levée vers la jeune femme. Il vit dans cette posture comme une supplication ou une peur ; et il vit que Rogue pleurait. Alors, la pluie se mit à tomber, noyant les larmes. Harry jugea que dans ce souvenir son professeur devait avoir une vingtaine d’années.

Il se dit qu’il était temps de sortir de là mais une force et une curiosité le retenait ; il sentait monter en lui une tristesse sourde et infinie.

La jeune femme eue un soupir ; on entendait le son assourdi d’une flûte. Lorsqu’elle fit ce pas dans le vide, Rogue hurla. Tout un coup ce fut le silence, lentement le froid professeur tomba à genoux, tête baissée.

Harry ressentit sa douleur, une douleur intense. Tout devint noir autour de lui et, pendant un moment il n’entendit plus que le son de la pluie. Puis, une sorte de brouillard l’enveloppa ; il y distingua deux silhouettes sombres qui récitaient en cœur la prophétie…

 

 

"Protego !"

Le professeur de potion avait enfin réussi à repousser son élève, mais au prix d’un grand effort. Ils étaient tous deux à genoux, en égal. Severus Rogue fixait Harry d’un regard froid où celui-ci lisait la plus déchirante des douleurs.

"– Voilà, M. Potter… vous savez maintenant… 

 – Pourquoi… Mais je… 

– Ne vous avisez pas d’aller raconter cela car je ne saurais alors avoir quelques tolérances que ce soit à votre égard. Vous pouvez disposer. Et entraînez-vous pour la prochaine séance, je vous ai senti peu sûr de vous."

 

Si Harry était resté un peu plus dans le bureau de Rogue il aurait pu entendre ce que seuls les murs savent à présent et qu’ils m’ont raconté ; il aurait pu entendre Severus Rogue murmurer :

Je te promets, te fait serment mon amour t’honorer ta mémoire par ma vie et de ne plus jamais laisser qui que ce soit assister à ton suicide…